Communiqués de presse
24.10.2019

Plus vraiment efficaces et problématiques sur le plan structurel - Etude de l’ASB sur les conséquences des taux d’intérêt négatifs

Bâle24 Octobre 2019  En Suisse, les taux d’intérêt négatifs sont une réalité depuis désormais près de cinq ans. Introduits par la Banque nationale suisse (BNS) fin 2014, ils avaient alors leur raison d’être. Entre-temps, cette mesure d’urgence efficace s’est muée en une «nouvelle normalité». L’Association suisse des banquiers (ASB) a analysé l’efficacité et les conséquences des taux d’intérêt négatifs. Dans cette étude, l’ASB ne remet nullement en question l’indépendance de la BNS et de sa politique monétaire. L’association est convaincue qu’un débat public sur les effets macroéconomiques de ces taux d’intérêt négatifs est nécessaire et qu’il convient de préparer la voie vers une sortie de ce «scénario de crise».

L’Association suisse des banquiers (ASB) a analysé l’efficacité et les répercussions des taux d’intérêt négatifs dans une étude intitulée «Taux d’intérêt négatifs: de la mesure d’urgence à la ‘nouvelle normalité’ – et retour?». Des analyses montrent que les effets souhaités des taux d’intérêt négatifs sur l’économie suisse se sont estompés. Alors que les principales statistiques économiques se sont améliorées, les effets secondaires et les risques pour la population et l’économie se sont accentués.

«Notre regard s’est porté non seulement sur les banques, mais aussi sur l’économie dans son ensemble. Les banques sont sur le terrain et donc aux premières loges pour percevoir les effets nocifs des taux d’intérêt négatifs pour les citoyennes et citoyens suisses, pour les entreprises et pour toute l’économie», déclare Jörg Gasser, CEO de l’ASB, à propos des conclusions de l’étude.

Les taux d’intérêt négatifs ne remplissent ainsi plus leur objectif de politique économique: le franc suisse n’est plus surévalué, les prix sont stables et, près de cinq ans après l’introduction des taux d’intérêt négatifs, les entreprises se sont remises du choc du franc.

L’étude décrit également les répercussions structurelles à long terme de l’actuelle politique des taux sur la Suisse et son économie. En voici quelques exemples:

  • Le risque de formation de bulles dans certaines classes d’actifs s’intensifie. Avec la pénurie de placements due aux faibles rendements des placements à taux fixe, les prix réels de l’immobilier en Suisse ont atteint des sommets. En même temps, le nombre d’objets vides a considérablement augmenté.
  • Les taux d’intérêt négatifs pénalisent les épargnants tout en incitant fortement l’Etat, les entreprises et les ménages à s’endetter davantage. Dans le sillage de la crise financière, l’endettement s’est envolé dans la quasi-totalité des pays industrialisés.
  • Le sentiment de crise ambiant menace de paralyser les consommateurs et les investisseurs. Des taux négatifs persistants sont en effet associés à un «scénario de crise». Loin d’être stimulants, ils peuvent étouffer l’activité économique et atténuer l’inflation. En matière de politique monétaire, ils réduisent de plus la marge de manœuvre disponible en cas de futur fléchissement.
  • La pénurie de placements et les rendements en berne compromettent la stabilité des caisses de prévoyance. Pour ces dernières, les taux d’intérêt négatifs accentuent la problématique du niveau déjà faible des taux. D’une part, les banques répercutent en partie les taux d’intérêt négatifs sur leurs plus gros clients, ce que sont précisément les caisses de pension. D’autre part, les taux d’intérêt négatifs ont abaissé davantage encore le niveau général des intérêts en Suisse et érodé de façon pratiquement généralisée les revenus perçus jusqu’ici par les assurés des caisses de pension. Ce phénomène a des conséquences économiques et sociales, en particulier pour les retraités de demain.
  • Les taux d’intérêt négatifs pratiqués par les banques centrales pèsent directement sur les banques: en 2018, les taux d’intérêt négatifs ont rapporté 2 milliards de francs à la BNS, ce qui a sévèrement entamé la rentabilité des banques. Cette problématique de fond subsiste malgré le récent relèvement du montant exonéré pour les avoirs en compte de virement.

Au vu de l’efficacité modérée et des effets nocifs des taux d’intérêt négatifs, l’étude conclut qu’il faut trouver des moyens de quitter ce scénario de crise. Martin Hess, économiste en chef de l’ASB, remarque d’ailleurs: «Les taux d’intérêt négatifs sont comme un médicament administré d’urgence: ils peuvent être d’une grande utilité à court terme, malgré les risques encourus. Mais à long terme, ils perdent de leur efficacité, tandis que les effets secondaires deviennent toujours plus sérieux.»

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