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01.10.2021

«Nous prônons une politique économique libérale»  

Marcel Rohner a pris ses fonctions de président de l’Association suisse des banquiers le 16 septembre dernier à l’occasion de la Journée des banquiers. Vous apprendrez dans cette interview ce qui le motive et ce qu’il veut réaliser à la tête du secteur bancaire. 

Marcel Rohner, vous présidez l’ASB depuis le mois de septembre. Quelle direction comptez-vous lui faire prendre?

Mon but, en tant que président de l’ASB, est de contribuer à la prospérité et à la compétitivité internationale de la place financière helvétique. Il faut pour cela des conditions-cadre libérales. Telle est donc la position défendue par l’Association suisse des banquiers dans le cadre des processus politiques. Je conçois l’Association suisse des banquiers comme une organisation professionnelle qui prône une politique économique libérale et pragmatique.

Qu’est-ce que cela veut dire concrètement?

Nous plaidons notamment pour la suppression des droits de timbre et pour une réforme de l’impôt anticipé. Il s’agit là de revendications de longue date, qui devraient bientôt être satisfaites. Le Parlement s’est en effet prononcé pour l’abolition du droit d’émission sur le capital propre et s’attelle à présent à une réforme de l’impôt anticipé. Si ces réformes aboutissent, notre place économique et financière pourra grandir et renforcer sa compétitivité internationale. Des emplois et, partant, des recettes fiscales sont en jeu pour la Suisse. Comme vous le savez certainement, le PS a lancé un référendum contre l’abolition du droit d’émission sur le capital propre. Si ce référendum aboutit, nous nous engagerons avec l’ensemble de l’économie en faveur de la réforme.

Quand les Suisses sont appelés aux urnes, les objets touchant à la fiscalité peinent souvent à passer la rampe…

C’est un fait. Et, alors que se profile le projet de réformes fiscales de l’OCDE, nous ne sommes qu’à l’aube de défis majeurs. Ce sera loin d’être un long fleuve tranquille. Une chose est claire: la Suisse va devoir bouger sur le front de la politique fiscale. Et il faut dès aujourd’hui s’employer à convaincre de la nécessité de ces changements. Si nous réussissons à démontrer au peuple de manière pragmatique et concrète qu’un cadre fiscal attrayant constitue un avantage pour tous, nous pourrons remporter les futures votations.

Vous avez évoqué une place financière prospère. Quels en sont les ingrédients?

Des spécialistes bien formés et motivés. Je suis un fervent partisan de l’apprentissage bancaire et des établissements de formation dans le domaine de la finance. Tout doit être mis en œuvre afin de préserver et d’améliorer continuellement la qualité de nos formations. Les banques sont aujourd’hui des pourvoyeuses de conseil et de technologie. Si nous réussissons la synthèse entre l’expertise des conseillers à la clientèle, la personnalisation du conseil et le déploiement de solutions numériques, les banques poursuivront leur croissance. L’expertise est également de mise dans le domaine de la durabilité. Les conseillers à la clientèle doivent comprendre les produits durables et être en mesure de conseiller leurs clients de manière compétente et en toute transparence.

Autre facteur crucial de succès: l’ouverture. La finance est l’un des principaux secteurs d’exportation de notre pays. La Suisse est une petite économie et a donc besoin de marchés ouverts: nous nous engageons dans ce sens. Enfin, les conditions offertes aux entreprises doivent être cohérentes à l’intérieur de nos frontières. Il faut des réglementations proportionnées qui laissent une certaine latitude et ouvrent ainsi la porte à l’innovation.

Quel rôle l’Association des banquiers joue-t-elle à ce sujet?

De concert avec les autorités et le monde politique, nous élaborons les conditions-cadre pour la place financière suisse. Or, pour se faire entendre, le secteur doit parler d’une seule voix. C’est pourquoi ma tâche et celle du secrétariat consiste à animer le processus décisionnel au sein du secteur et à trouver des positions communes. Et cela fonctionne: aujourd’hui, rares sont les dossiers politiques sur lesquels le secteur ne présente pas un front uni.

Pour finir, deux questions plus personnelles. Grâce à votre longue carrière bancaire, vous connaissez parfaitement les deux grandes places financières que sont Genève et Zurich. Quel regard portez-vous sur l’une et sur l’autre?

Ces deux villes peuvent sembler très différentes, et pourtant elles ont beaucoup de points communs. Vu de l’étranger, toutes deux sont petites par leur nombre d’habitants, mais elles dégagent une atmosphère incroyablement internationale. Les deux sont extraordinairement belles et variées. La proximité de la France et les siècles d’histoire marqués par la lutte pour l’indépendance et l’autonomie donnent à Genève un caractère bien particulier d’un point de vue suisse. La Cité de Calvin jouit en outre d’un cadre exceptionnel. Quant à Zurich, j’y ai fait mes études et j’y ai longtemps travaillé. J’apprécie énormément la richesse culinaire et culturelle de cette ville.

Et votre canton d’origine, l’Argovie est…

... un canton économiquement très dynamique, en grande partie rural et constellé de petites villes. J’ai grandi à Aarau. C’est ma patrie, l’endroit où j’ai mes racines. J’en retire de la solidité et un certain sentiment de sécurité.

Rétrospective de la Journée des banquiers

L’avenir du secteur bancaire était au cœur de l’édition 2021 de la Journée des banquiers. Les intervenants de haut vol et les participants à la table ronde ont révélé et abordé plusieurs facettes lors de la rencontre annuelle de l’Association des banquiers. Les six meilleurs apprentis de Suisse ont eux aussi eu la chance de s’exprimer dans une vidéo qui a mis en lumière les attentes de la jeunesse d’aujourd’hui concernant son avenir professionnel. Le public présent, quelque 350 personnes, et les nombreux spectateurs et spectatrices virtuels ont, par leurs questions et réflexions, manifesté un vif intérêt pour les interventions de la présidente de la FINMA Marlene Amstad et de l’expert en futurologie Brett King, ou encore pour la conclusion livrée par le Conseiller fédéral Ueli Maurer. Lors de la table ronde, Kristine Braden, Axel Weber, Christian Mumenthaler et Jörg Gasser ont approfondi les thèmes abordés par les intervenants. Cette Journée des banquiers a également servi de décor au changement de président. Herbert Scheidt est revenu sur les changements vécus par l’association au cours de son mandat et Marcel Rohner a donné un aperçu des axes qu’il souhaite privilégier à l’avenir.

Trouvez ici des impressions en images de la Journée des banquiers et la captation vidéo de la manifestation.

Action de don

Lors de la Journée des banquiers, l’Association suisse des banquiers a lancé une action de don avec la Croix-Rouge suisse. Contribuez vous aussi aux campagnes de lutte contre le COVID-19 dans les pays défavorisés afin d’enrayer la pandémie. Vous trouverez sur le site web de plus amples détails sur l'action de don, avec les moyens de paiement possibles.

Rapport annuel de l’Association suisse des banquiers 2020/2021

Le bilan annuel de l’Association des banquiers fait état d’importants progrès et succès en ce qui concerne un grand nombre de nos priorités politiques. Vous apprendrez dans le nouveau rapport annuel 2020/2021 comment l’ASB défend les intérêts de ses membres et les soutient dans leur travail quotidien.

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Rédacteurs

Silvan Lipp
Ancien Responsable Communications & Public Affairs - Membre du Comité exécutif
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