Forger l’avenir de la Suisse avec les banques 

L’avenir de la place financière suisse était au cœur de la Journée des banquiers 2025 de l’ASB, qui s’est tenue à Berne sur le thème «Après-demain». Marcel Rohner, Président de l’ASB, a rappelé dans son allocution que la branche a relevé de nombreux défis au cours des deux dernières décennies – de la crise financière mondiale à la levée du secret bancaire en Suisse, en passant par la crise de la dette et les taux d’intérêt négatifs. Si elle y est parvenue, c’est grâce à des modèles d’affaires robustes, mais aussi grâce à une réglementation intelligente et mesurée. Ces deux facteurs sont décisifs également pour «après-demain»: afin que les banques restent durablement performantes et résilientes, il faut, d’une part, qu’elles soient rentables et, d’autre part, que la réglementation favorise la stabilité sans compromettre la compétitivité internationale de la place financière.

Le train de mesures du Conseil fédéral va trop loin 

Dans son allocution, Marcel Rohner a pris position sur le train de mesures présenté en juin par le Conseil fédéral. S’il a salué la volonté de renforcer la stabilité de la place financière, il a critiqué le fait que, sur des aspects essentiels, les mesures proposées sont excessives. «Si ces mesures étaient mises en œuvre telles quelles, on s’exposerait à une bureaucratie inutile et à une perte de compétitivité. La place financière, qui est un pilier porteur de notre économie, s’en trouverait affaiblie», a précisé Marcel Rohner, avant de demander des modifications ciblées dans quatre domaines principaux: 

• Proportionnalité: il est prévu que la plupart des mesures proposées par le Conseil fédéral s’appliquent à toutes les banques, alors que la crise n’a concerné qu’un seul établissement. L’étendue et les modalités de la réglementation doivent être proportionnées et tenir compte des situations propres aux différentes banques. Pour l’immense majorité des établissements, clairement, il n’y a pas lieu d’imposer de nouvelles exigences.  
• Compétences de la FINMA: l’extension des prérogatives de la FINMA telle qu’elle est prévue, par exemple la possibilité de prononcer des interdictions d’exercer dans les cas de violations graves des règlements internes ou d’informer le public sur des enquêtes en cours, va nettement trop loin. Il faut établir des règles procédurales claires pour la FINMA, qui garantissent le respect de l’Etat de droit et du principe de proportionnalité.  
• Gouvernance d’entreprise: les prescriptions prévues concernant la composition du conseil d’administration et de la direction des banques, ainsi que les interventions de l’autorité de surveillance dans les décisions en matière de rémunération, restreindraient sensiblement la liberté d’organisation des établissements. Les règles de gouvernance doivent être mesurées et ne pas entraîner une ingérence disproportionnée dans l’autonomie de gestion. 
• Fonds propres: s’agissant des règles en matière de fonds propres et d’évaluation, le Conseil fédéral disposait de trois leviers et, dans les trois cas, il a choisi la variante la plus dure, ce qui pèse exagérément sur certains établissements. Les prescriptions doivent éviter les excès, rester réalistes et être coordonnées à l’échelon international, afin de ne pas compromettre la compétitivité de la place financière suisse. 

La place financière, source de prospérité et d’innovation 

Marcel Rohner a souligné que le débat sur les questions réglementaires était certes important, mais ne devait pas être dissocié des défis majeurs inhérents à notre temps. Quand on parle de l’avenir de la place financière, on doit parler aussi du rôle qu’elle joue pour relever les défis du changement démographique, de la transition numérique, du financement de la transition énergétique et des incertitudes géopolitiques. Face à ces évolutions, la Suisse a besoin d’une place financière forte, résiliente et interconnectée avec le reste du monde.  

Marcel Rohner a rappelé en outre l’importance économique de la place financière pour la Suisse: les banques, entreprises d’assurance et prestataires de services financiers contribuent à hauteur d’environ 12,5 % aux recettes fiscales de la Confédération, des cantons et des communes et assurent le financement des hypothèques et des crédits aux entreprises. En parallèle, la place financière démontre sa capacité d’innovation – en proposant par exemple des solutions numériques comme TWINT, ou en développant la technologie des registres distribués (TRD).  

«La place financière suisse existera toujours après-demain. Mais sous quelle forme? Cela dépend de nous», a conclu Marcel Rohner.

Une initiative de communication pour mettre en lumière le rôle des banques 

A l’occasion de la Journée des banquiers 2025, l’ASB a lancé sa nouvelle initiative de communication: «The River». L’objectif de ce concept inédit est de rendre plus visible le rôle des banques dans la société et l’économie, mais aussi de nouer un dialogue constructif et ouvert à ce sujet. Le leitmotiv choisi, le fleuve, symbolise non seulement la Suisse, pays de fleuves, mais aussi le mouvement, l’énergie, le changement – qui caractérisent également la place bancaire suisse. 

L’initiative repose sur des vidéos et des podcasts diffusés via des canaux numériques comme LinkedIn, Instagram, Spotify et YouTube. Ces formats modernes montrent combien la place bancaire suisse est diversifiée, innovante et tournée vers l’avenir. Les vidéos mettent en scène des fleuves suisses, sur lesquels des personnages progressent en bateau avec leurs idées, leurs objectifs, leurs rêves. Pour les réaliser, ils ont besoin de partenaires facilitateurs à leurs côtés: les banques, représentées par des icônes lumineuses. Les podcasts, qui font intervenir des personnalités passionnantes issues des milieux économiques et de la société civile, complètent le narratif visuel par des analyses personnelles et des perspectives variées sur la place bancaire suisse.

Assemblée générale de l’ASB 

Lors de l’Assemblée générale de ce jour ont été élus au Conseil d’administration de l’ASB les nouveaux membres suivants: Nic Dreckmann, Chief Operating Officer, Deputy Chief Executive Officer et membre du Comité exécutif de Banque Julius Baer & Co. SA, et Nicolas Krügel, CEO de la Banque Cantonale de Genève. Dans le cadre des élections ordinaires pour le renouvellement complet du Conseil d’administration, tous les membres de ce dernier ont vu leurs mandats respectifs confirmés pour une durée de trois ans. 

A propos de l’ASB 

L’ASB est l’association faîtière des banques suisses. Elle représente la branche à l’échelon national et international auprès des décideurs économiques et politiques, des autorités et du grand public. Elle prône l’ouverture des marchés, la liberté d’entreprendre et des conditions de concurrence équitables. Elle est aussi un centre de compétences, riche de connaissances spécialisées en matière bancaire, qui se positionne résolument sur les sujets porteurs d’avenir. Créée à Bâle en 1912, l’ASB compte aujourd’hui environ 265 organisations membres et quelque 12 000 membres individuels.